mercredi 20 novembre 2013

Human chipset

Je me rend compte au fur et à mesure de la vacuité des connexions humaines. Leur superficialité qui gouverne en despote. 
La main-mise impitoyable des attentes et des exigences que chacun dépose sur la table, sorte de contrat pré-nuptial, et qui dit "attention, tu me chies dans les bottes, je fais imploser ton univers et te piétine la gueule sans remord".

On impose à d'autres ce qu'on arriverai avec grand peine à assumer soi-même. Ce revolver relationnel qu'on sort à chaque rencontre, parce qu'on ne peut s'empêcher de voir en l'autre sa propre mort. On lui baisera la bouche avec le canon froid de notre résolution, et on l’appellera "Force de caractère".
On jouera parfois avec la gâchette pour montrer qu'on en a les tripes.
C'est cette menace planante qui nous fera tout autant bander. C'est le pouvoir qu'on assied sur leurs épaules.

Parfois je me demande si l'homme ne gagnerai pas à se digitaliser, ou se mécaniser -en partie.
Peut-être à formater cette pulsion de vie dévorante qui empiète sur la survie même de son voisin -et à s'en foutre royalement.
Anesthésier cette peur incontrôlable d'être moins bon en çi, moins aimé par untel, moins beau, moins fortuné, moins couillu, moins d'amis sur FB, moins de sel que lui dans sa propre vie.
Peut-être qu'avec un software implanté entre les canines, on se boufferait moins la gueule.
L'auto-préservation est pourtant aujourd'hui un ticket gagnant.
On en a fait une vertu, une force, un atout.
C'est aussi le moteur qui nous pousse à détruire l'autre, et par conséquent nous-même. Petit à petit, implacablement.
La machine, elle, a cet avantage de savoir quoi faire dans une situation donnée. Il n'y a pas de doute existant dans ses rouages. Il y a résolution X, Y, Z avec des probabilités de succès et d'échec pour chaque cas de figure. De là, il y a un choix logique et mesuré, intégrant des variables innombrables pourtant elles-même quantifiées.

L'idée n'est pas d'atteindre la perfection, mais d'aboutir à un mode de vie permettant la survie de l'espèce, sans l'outrancier individualisme qui est finalement une survie destructrice (putain de notion paradoxale).

Mais voilà, ce chipset qui te calcule les bons choix, fait que dans la multitude, il dégagera toujours la solution logique -celle qui a de meilleures chances d'aboutir.
On donne naissance alors à l'absence de choix, au sein même de cette multitude, par l'élimination systémique de cette même logique.
Et ça c'est quand même super con.

Pour le moment, continuons donc de courir à notre perte.

jeudi 14 février 2013

Solit'air

Je n'ai plus aucune idée de ce que signifie être en couple.
J'ai égaré cette notion au fil des ans, incapable semble-t-il, de faire perdurer mes relations. Peut-être que je ne cherchais pas à le faire d'ailleurs.
Je ne peux pas dire que c'est dû à un manque d'intérêt pour la situation, ni une crainte.
Simplement la systématique sensation de ne pas être à ma place, très vite.
Oh oui, très vite. Les choses se cassent invariablement la gueule, presque immédiatement. Comme si le voile était levé, et que par magie, il n'y avait plus personne derrière.
En tout cas, plus la personne que je m'attendais à y trouver.

C'est comme si je ne pouvais plus m'arracher à cette solitaire liberté que j'ai ancré en moi au gré des années qui passent. Ponctué de rencontres uniques ou fades. Mais toujours périssables.
Est-ce que cette liberté laisse un goût amer ? Peut-être un peu. Mais juste un peu.
Qui se targue aujourd'hui d'être libre et en couple ? Je ne crois pas en connaître. Toujours des règles à respecter, des ancres à lancer à bâbord ou tribord, des projets à formuler, des sacrifices à faire, des regrets à accepter, un rythme à calquer.

Tout ça est profondément chiant, au final. Comme si la vie ne nous en imposait pas suffisamment, on cherche à cadrer l'autre à sa façon. Des murs épais pour mieux retenir, se sentir serein et rassuré.
Et pourtant, la meilleure façon de garder l'autre près de soi, n'est-ce pas de lui faire sentir qu'il est profondément libre à vos côtés ? Qu'aucun lien ne le retient, mais qu'il reste uniquement parce qu'il le veut et que ça lui va.
Ouais. Mais qui peut se targuer de ça ?

Alors si tu veux m'étreindre, fais le. Mais dis toi que je suis insaisissable. Pour moi-même, déjà. Je ne sais pas comment je réagirai, ni comment je ressentirai le jour suivant. Il n'y a plus aucune règle qui s'applique.
Pas plus que pour la brise ne venant d'aucune direction en particulier. Tu peux la sentir glisser sur toi, entre tes doigts, tourbillonner autour.
Et puis vient cet instant ou tu ne la sens plus : Elle suis son chemin ailleurs, un peu plus loin.

Ca semble complètement con comme situation. Mais je ne vois qu'une autre brise, qui pourrait se joindre à ce jeu de solit'air.